Les transits de Vénus  (8)     1874

 

 

        Le passage de 1874.

 

Depuis que les astronomes ont déterminé la parallaxe annuelle des étoiles, la connaissance de l’unité astronomique est devenue vitale, car non seulement elle demeure la distance étalon du système solaire, mais surtout elle est devenue la référence pour l’ensemble de l’Univers.

C’est pourquoi il est important d’exploiter efficacement les transits de 1874 et de 1882.

 

Les astronomes qui ont observé les passages précédents ont eu beaucoup de mal à mesurer exactement le temps du transit, en grande partie à cause de cette fameuse goutte noire.

Grâce à la récente technique photographique, les astronomes espèrent surmonter cet obstacle, et ainsi mesurer avec une précision jamais atteinte la durée du transit…

 

Les missions françaises.

 

Un siècle s’est écoulé depuis le dernier transit, mais les difficultés demeurent les mêmes. En effet, les troubles sanglants du siège de Paris perturbent énormément les préparatifs. Mais là encore, les scientifiques vont se mobiliser afin d’effectuer la mesure.

Finalement, l’Académie des sciences organise six missions réparties dans les deux hémisphères.

 

 

 

 

L’astronome Pierre César Jules Janssen (1824_1907) a mis au point un dispositif ingénieux qui permet de prendre des photos très rapprochées, permettant ainsi d’obtenir une sorte de film de l’événement. Cette méthode devrait permettre d’enregistrer le moment précis du deuxième contact entre les deux astres…

 

 

 

Janssen et Tisserand décident d’aller observer le phénomène au Japon, au sommet du Mont Kompira, surplombant Nagasaki.   

Peu après leur arrivée à Nagasaki, les deux astronomes essuient une forte tempête qui détruit l’équatorial de Tisserand, son télescope et son micromètre. La mission semble bien mal partie.

 

Le matin du 9 décembre, des éclaircies providentielles permettent à l’équipe de Janssen d’observer et surtout de photographier les contacts apparents. Bien qu’elle ait mal commencée, on peut dire que cette expédition est un succès.

 

En cette année 1874, les français sont finalement assez chanceux.

L’une des expéditions de l’hémisphère sud, dirigée par le capitaine Ernest Barthélemy Mouchez (1821-1892),  vise l’île Saint-Paul. C’est en fait un volcan dormant perdu au milieu de l’Océan Indien, la plupart du temps couvert de nuages et de brume.

Les difficultés commencent dès leur arrivée : installer les bagages et le matériel sur cette île perdue n’est pas si simple que ça !

L’équipe de Mouchez consacre les deux premiers mois de la mission à la construction d’abris et à l’observation afin de régler les horloges et de déterminer la position précise du site.

Ensuite, les rafales de vent et la pluie empêchent toute activité. La météo est exécrable, et le moral des astronomes est au plus bas. Tous pensent déjà que leurs efforts ne serviront à rien, ils sont convaincus de ne pas pouvoir assister au transit, la météo ne le permettra pas : aucune amélioration ne se profile.

 

Et là encore, c’est un vrai miracle: une éclaircie se produit le matin du 9, la pluie s’arrête et la brise chasse le brouillard.

Tous les membres de l’équipe sont à leur poste dès l’aube, avec interdiction formelle de le quitter ne serait-ce qu’une seconde.

C’est ainsi que qu’ils ont réussi à photographier les quatre contacts apparents, à  faire plusieurs inestimables observations visuelles et à tirer de nombreuses plaques photographiques. Cette mission est un véritable succès !

Pourtant, alors que Vénus était devant le Soleil, Mouchez et ses hommes ont essuyé une tempête incroyable qui balaya toute l’île pendant six heures !

La chance a souri aux astronomes ce jour là : le cyclone est venu frapper l’île juste après les deux premiers contacts de Vénus, il a sévi pendant six longues heures, et le ciel s’est dégagé juste au moment où la planète s’apprêtait à quitter le disque solaire !

 

Par contre, les autres missions françaises se sont toutes soldées par un échec.

C’est ainsi qu’en 1874, la France ne récolta que deux séries de résultats, l’une en provenance du Japon, l’autre en provenance de l’Océan Indien.

 

 

Les missions étrangères.

 

En 1871, les Etats-Unis ont nommé Simon Newcomb (1825-1909) secrétaire d’une mission chargée d’organiser les expéditions américaines. Disposant d’un budget de 170 000 dollars, Newcomb décident d’envoyer trois missions dans l’hémisphère nord et cinq dans le sud. Chaque station est dotée d’une lunette équipée d’un appareil pouvant exposer des plaques photographiques, d’une horloge précise et d’un instrument de transit.

 

Le matin du 9 décembre 1874, les conditions climatiques à Queenstown sont excellentes : l’équipe prend un grand nombre de photos sur plaques, en plus des observations visuelles.

Mais dans les autres stations de l’hémisphère sud, les astronomes américains subissent les brumes et les pluies torrentielles…. La météo ne fait pas de distinction entre français et américains !

 

De leur côté, les anglais organisent cinq expéditions dans des pays éloignés : les îles Kerguelen, l’île Rodrigue, la Nouvelle Zélande,  les îles Sandwich et  l’Egypte.

           

 

 La Russie quant à elle dissémina 24 stations à travers son immense empire entre la mer du Japon et la mer Noire.

 

 

 

 

 

Bilan des observations de 1874.

 

Les observations de 1874 ne se sont pas révélées très utiles.

En effet, la plupart des clichés sont flous ! Les astronomes ont conscience que cette technique peut être améliorée entre les deux passages, mais se demandent toutefois s’il est utile de dépenser autant d’argent et d’énergie pour le prochain rendez-vous ??  Il faut bien admettre que les oppositions de Mars et la découverte récente des astéroïdes offrent un bien meilleur moyen de déterminer la distance Terre Soleil.

 

 

 

Cependant, ces évènements sont tellement rares qu’il est impensable de renoncer complètement à leur observation. C’est pourquoi, en octobre 1881, d’éminents astronomes participent à une conférence internationale à Paris et préparent l’observation du transit de 1882.

 

 

 

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